15/11/2023
 DANS 
ÉCONOMIE

Amitiés, potins et jalousies à la machine à café

Étude diffusée en novembre 2023

Au regard du temps qu’ils y passent chaque jour, c’est peu de dire que le travail occupe une place centrale dans la vie de millions de salarié(e)s. Lieu de socialisation privilégié, l’entreprise est un microcosme dans lequel se font et se défont les relations, où des amitiés durables naissent, où les sujets de conversation quotidiens favorisent des complicités - et des dissensions - plus ou moins fortes entre collègues.

Comme le montrent les résultats de l’étude menée par l’IFOP à la demande du site Compte-pro et de l’agence spécialisée en data FLASHS, la faculté de nouer des relations privilégiées avec ses collègues revêt une importance majeure pour nombre d’entre nous. Au point de faire oublier la pénibilité de certaines tâches, au point d’être plus importantes que le travail en lui-même. Revers de la médaille, les « work besties », comme les nomment les Anglo-Saxons, peuvent également susciter jalousies et rivalités.

Ces sentiments contrastés se retrouvent au cœur des conversations qui animent machine à café, bureaux et autres ateliers. S’il est compliqué d’y parler rémunération, sujet très majoritairement jugé tabou, et d’éviter les tensions liées à l’organisation du travail, on ne se prive guère d’alimenter les potins et de critiquer tous azimuts la hiérarchie et les collègues.

Entre amitiés sincères et travers bien humains, ce sondage offre une photographie réaliste des relations sociales en entreprise.

 

L’amitié en entreprise, une réalité à double tranchant

 

Pour de nombreux salariés, les liens créés au travail sont une véritable force

81% des salarié(e)s estiment que l’on peut créer des liens d’amitiés entre collègues qui perdurent hors du lieu de travail, mais 40% pensent qu’il vaut mieux éviter pour séparer vie professionnelle et vie privée ;

Pour plus de 8 sur 10 (82%), ces bonnes relations sont de nature à adoucir la pénibilité du travail, voire, pour 69%, qu’elles sont plus importantes que le travail en lui-même.

Le « work bestie », un phénomène très courant

74% des personnes interrogées indiquent avoir un(e) collègue préféré(e), personne avec laquelle plus de la moitié (52%) abordent des sujets d’ordre privé ;

Les femmes (61%) sont plus susceptibles de partager leur vie personnelle avec cette personne que les hommes (44%) ;

Un(e) salarié(e) sur dix (11%) n’a jamais eu de « work bestie ».

Des relations privilégiées qui suscitent des jalousies

Près de la moitié (46%) des répondant(e)s et 57% des managers entretenant des liens privilégiés avec un ou une collègue ont déjà ressenti de la jalousie de la part d’autres collègues ;

Pour 16% d’entre eux, cette situation a généré d’importantes tensions au sein de leurs équipes ;

 

Potins, critiques et sujets sensibles

 

Le tabou des rémunérations

Parmi les nombreux sujets de discussions en entreprise, celui des salaires est considéré comme tabou par près de 7 salarié(e)s sur 10 (68%) et par les trois quarts (75%) des managers ;

L’argent se place donc loin devant les relations sentimentales et/ou sexuelles entre collègues (52%) et les questions liées à la religion et à la laïcité (46%) ;

La météo, une valeur sûre 

78% des personnes interrogées parlent de la pluie et du beau temps avec leurs collègues ;

Les conditions de travail (77%), l’organisation du planning (76%), la répartition des tâches (76%) et la crise de la Covid-19 (73%) sont également au cœur des discussions au travail ;

En revanche, des sujets comme les opinions politiques personnelles (42%), le conflit israélo-palestinien (46%) ou la religion (47%) sont moins souvent abordés.

Sujets professionnels sous tension

42% des personnes interrogées indiquent que les sujets liés à leur activité professionnelle ont déjà généré des tensions entre collègues ;

C’est notamment le cas de la répartition de la charge de travail (26%), du favoritisme dont bénéficient certain(e)s (26%) et du montant des rémunérations (23%) ;

Les thématiques plus « politiques » entrainent pour leur part moins de conflits, à l’exemple de la crise sanitaire (16%), des conversations sur le racisme, l’antisémitisme et les discriminations (12%) ou des opinions politiques des uns et des autres (10%).

Gossip et langues acérées

Les potins liés à la vie dans l’entreprise constituent l’objet de conversation favori de 69% des salarié(e)s et de 75% des managers ;

Suivent ensuite et de très près différents sujets de critiques, comme la politique de l’entreprise (66%), les décisions du manager (63%), les comportements des collègues (63%) ou leurs compétences (55%) ;

Moins de la moitié (46%) aiment à évoquer leurs problèmes personnels, les femmes étant en l’occurrence plus nombreuses que les hommes à le faire (57% contre 36%) ;

Plus spécifiquement, aborder les relations sentimentales et sexuelles entre collaborateurs est prisé par moins d’un tiers de personnes interrogées (30%).

Enquête réalisée du 20 au 31 octobre 2023 par l’IFOP pour Compte Pro auprès d’un échantillon de 948 salariés, représentatif de la population salariée du public et du privé en France métropolitaine.