Étude diffusée en septembre 2025
Les Français et la location : embûches, compromis et entorses
Trouver un logement n’a jamais été aussi compliqué. Dans un marché locatif sous tension, la quête d’un toit ressemble de plus en plus à un parcours du combattant, jalonné de concessions, de renoncements, et parfois même de pratiques douteuses. Entre conditions strictes imposées par les bailleurs, concurrence féroce, arrangements officieux ou dossiers enjolivés, locataires comme propriétaires s’aventurent souvent sur une ligne ténue entre légalité et débrouille.
C’est ce que met en lumière une enquête menée par l’institut Flashs pour Zelok auprès de 2 000 Français et Françaises majeurs, dont 1 606 ayant déjà une expérience de la location — parmi eux 808 actuellement locataires. L’étude révèle les stratégies, les obstacles, mais aussi les compromis et les dérives qui façonnent aujourd’hui le parcours locatif.
Le poids du loyer
Un nombre important de locataires dépassent le seuil du tiers de leurs revenus consacré au loyer.

4 locataires sur 10 (41 %) consacrent plus de 33% de leurs revenus à leur loyer ;
Parmi eux, celles et ceux dont les revenus sont inférieurs à 1 300 € par mois sont les plus nombreux (41 %).
Le frein des frais d’agence
Toujours très présentes dans la recherche d’un logement, les agences immobilières se voient toutefois reprocher des coûts trop élevés au regard du service rendu.

42 % des personnes en location ou l’ayant été ont mixé agences et particuliers pour leur recherche de logement ;
33% ont privilégié les agences et 26% les particuliers ;
Parmi celles et ceux qui préfèrent s’adresser directement à des bailleurs particuliers, 67 % mettent en avant les frais trop élevés pratiqués par les agences ;
30 % des locataires actuels ou passés ont déjà loué un logement sans l’avoir visité ni rencontré le propriétaire ;
C’est notamment le cas des 18-24 ans (41%) et des 25-34 ans (42 %).
Location sous conditions
Dans un marché tendu, les locataires sont confrontés à des exigences qui flirtent avec la légalité, voire l’enfreignent.

77% des locataires actuels ou passés ont dû présenter un contrat de travail en CDI, une exigence formulée par 67 % des propriétaires bailleurs interrogés ;
Disposer de revenus supérieurs à trois fois le loyer mensuel a été demandé à 64% des locataires actuels ou passés. 56 % des propriétaires bailleurs disent poser cette condition.
16 % des locataires actuels ou passés ont vu comme condition le versement d’une partie non déclarée du loyer, une pratique que reconnaissent 29 % des propriétaires bailleurs ;
Être d’une origine ou d’une nationalité particulière a été exigé à 15 % des locataires actuels ou passés. 27 % des propriétaires bailleurs disent appliquer ce critère.
Mesures de vérification
En dépit d’un risque d’usurpation d’identité aujourd’hui accru, nombre de locataires ne prennent pas de mesure spécifique pour protéger leurs documents.

64 % des locataires actuels ou passés appliquent au moins une mesure de sécurité lorsqu’ils transmettent des documents pour louer un logement ;
Plus de 4 sur 10 (44 %) vérifient l’identité du propriétaire ;
31 % appliquent un filigrane sur les documents qu’ils envoient ;
25 % font appel aux plateformes spécialisées qui sécurisent les dossiers de location.
Louer, mais à quel prix ?
Face à des exigences abusives de la part de propriétaires bailleurs, une part non négligeable des locataires semble résignée.

22 % des locataires actuels ou passés considèrent qu’il est nécessaire d’accepter des pratiques abusives pour obtenir un logement ;
62 % ont déjà eu recours à ces pratiques ;
39 % ont ainsi versé un acompte pour réserver leur logement, 38 % ont dû présenter plusieurs garants et 22 % ont proposé de payer plus que la mensualité demandée pour s’assurer de la location.
Mensonges sur bail
Pour espérer décrocher une location, certains n’hésitent pas à falsifier fiche de paye ou contrat de travail. Des pratiques qui n’échappent pas à la majorité des propriétaires bailleurs.

26 % des locataires actuels ou passés ont eu recours à au moins une fausse déclaration dans leur dossier de location ;
16 % ont menti sur leur situation personnelle, comme être en couple alors qu’ils ne l’étaient pas ;
14 % ont dissimulé leur origine pour éviter d’être discriminés ;
11 % ont « gonflé » leur fiche de paye, une pratique utilisée par 21% des 18-24 ans ;
11 % ont fourni un faux contrat de travail (19 % chez les 18-24 ans) ;
Des méthodes que détectent nombre de propriétaires bailleurs : 35 % y ont été confrontés à plusieurs reprises et 23 % une fois.