Étude diffusée en juin 2025
Les Français et les croisières
Toujours plus gros, toujours plus haut... Les paquebots de croisière impressionnent autant qu'ils suscitent d'inquiétude, voire de rejet, au regard de leur impact sur l'environnement et la quiétude des villes où leurs milliers de passagers font escale.
Alors qu'un nouveau géant baptisé Legend of the Sea- 365 mètres, 7 600 passagers, 40 restaurants - prendra la mer le 9 août prochain, le spécialiste des données maritimes Sinay a souhaité connaitre l'opinion des Français sur les croisières. Confiée à l'institut Flashs, l'étude témoigne d'un rapport ambivalent de l'opinion publique à leur égard : de plus en plus nombreux à y succomber, nos concitoyens ont toutefois conscience des problèmes qu'elles entrainent.
Une image plutôt positive et une fréquentation à la hausse
Portées par une large démocratisation au cours des dernières décennies, les croisières bénéficient d’une opinion plutôt positive chez les Français.

Près de la moitié (47 %) des Français ont une image positive des croisières contre 23 % qui en ont une image négative ;
27 % des Français sont déjà partis en croisière, dont 8 % à plusieurs reprises. C’est 11 points de plus qu’en 2011 (16 %, étude GfK-GOT) ;
38 % des 18-24 ans ont déjà participé à ce type de séjour maritime (24 % chez les 35-64 ans et 20 % chez les plus de 65 ans) ;

Les deux tiers (65 %) des personnes interrogées se disent tentés par une croisière dans les 5 prochaines années (46 % en 2011) ;
Les plus jeunes sont les plus intéressés : 72 % des 18-34 ans l’envisagent contre 49 % chez les plus de 65 ans.
La possibilité de visiter plusieurs destinations grâce aux escales constitue la première motivation à partir en croisière pour 41 % des répondants ;
23 % mettent pour leur part en avant le rapport qualité/prix ;
Atouts et handicaps
Si certains aspects de la formule croisière séduisent, d’autres, comme l’impact sur l’environnement et l’image d’un tourisme de masse, sont de nature dissuasive.

Le coût peut s'avérer être un repoussoir : 55 % des personnes n’ayant jamais fait de croisière le citent comme principal facteur dissuasif ;
L’empreinte écologique rebute également bon nombre de Français : 36 % pourraient renoncer à monter à bord pour cette raison, chiffre qui grimpe à 48 % chez les 18-24 ans ;
33% avancent aussi le caractère massif de cette forme de tourisme.
Une forme de tourisme pas écologique
Une large majorité de Français considèrent les croisières comme un mode de voyage qui n’est pas écologique, certains amateurs ressentant même de la culpabilité à bord.

Seuls 18 % des Français voient dans les croisières un mode de voyage écologique ;
Un chiffre global qui masque de nettes disparités générationnelles : 27 % des 18-34 ans les perçoivent ainsi contre 8% chez les plus de 65 ans ;
Parmi celles et ceux ayant déjà navigué en croisière, 49 % disent avoir ressenti une forme de culpabilité écologique, dont 17 % clairement et 32 % qui ont toutefois relativisé ;
En revanche, 40% n’ont pas eu ce sentiment et 11% ne se sont pas posés la question.
L’environnement avant l’économie
Face à des bateaux de plus en plus grands, qui inquiètent et impressionnent à la fois, les Français estiment que les villes escales doivent se protéger plutôt que privilégier les retombées économiques.

Un quart (24 %) des répondants sont inquiets de l’impact sur l'environnement des véritables villes flottantes que sont certains bateaux de croisière ;
27 % en rejettent le concept qu’ils jugent excessif et déshumanisé ;
Ils font en revanche rêver 22 % des Français, notamment chez les plus jeunes (32 % des moins de 35 ans) ;

65 % estiment que les villes d’escales de ces paquebots doivent privilégier protection de l’environnement et des habitants plutôt que l’économie et l’emploi ;
Une courte majorité (51 %) dit ne pas avoir confiance dans les compagnies de croisière pour améliorer leur bilan environnemental ;
Parmi celles et ceux qui pensent cela possible, les moins de 35 ans sont nettement plus nombreux que leurs aînés (49 % contre 34 % chez les plus de 50 ans).
Enquête réalisée par FLASHS pour Sinay du 13 au 14 mai 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 2 000 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française.
Le point de vue de Léa Paolacci, chargée d'étude Flashs
“Malgré les alertes environnementales, les croisières continuent d’exercer une forte attraction, loin d’un quelconque désengagement collectif. L’intérêt progresse même, tous âges confondus, et contredit l’image d’un tourisme réservé à des profils plus âgés et privilégiés.
Les jeunes adultes, souvent en première ligne des critiques sur le tourisme de masse, sont aussi les plus nombreux à être montés à bord – et à vouloir repartir. Ce format de voyage, combinant confort logistique et multiplicité des destinations, reste désirable, y compris chez ceux qui en perçoivent les limites écologiques.
C’est dans cette tension que se joue un rapport générationnel ambivalent : les plus jeunes assument davantage une culpabilité écologique, tout en exprimant une forme d’optimisme sur la capacité du secteur à se transformer.
À l’échelle collective, l’exigence monte autour des effets locaux du tourisme maritime. Une majorité estime que les villes d’escale doivent d’abord protéger leur environnement et la qualité de vie des habitants. Et si la confiance envers les compagnies est fragile, elle n’est pas rompue : chez les jeunes, elle s’accompagne d’une attente de transition.”