Étude publiée en juin 2025
Les Français et l’intelligence artificielle : outil pratique, allié intime ?
L’intelligence artificielle ne se limite plus à un simple rôle utilitaire : elle s’intègre progressivement dans la vie quotidienne des Français, au-delà de l’efficacité ou de la productivité. Elle devient pour certains un véritable compagnon numérique, qu’ils sollicitent non seulement pour s’organiser, mais aussi pour échanger, s’exprimer ou déposer des fragments de vie personnelle. Si son usage varie d’un individu à l’autre – de l’assistant ponctuel à l’interlocuteur de confiance – une constante se dessine : l’IA s’installe dans un espace où l’humain cherche de l’aide, du dialogue, parfois même du réconfort.
Face à cette évolution rapide des usages, Hostinger a souhaité comprendre plus finement la manière dont les Français perçoivent et utilisent ces technologies. Pour ce faire, l’entreprise a mandaté l’institut Flashs afin de mener une large enquête auprès de plus de 10 000 personnes, dont une majorité d’utilisateurs d’IA. Les résultats mettent en lumière une adoption massive, une diversification des usages, et une relation qui dépasse souvent le cadre technique pour flirter avec le registre émotionne.
Massivement adoptée, mais pas encore indispensable
Outil pratique ou assistant personnel performant, l’IA a fait une entrée fulgurante dans la vie des Français, qui pensent toutefois pouvoir s’en passer.

89 % des Français ont déjà utilisé une application ou un service faisant appel à l’intelligence artificielle ;
Près d’un tiers d’entre eux (31 %) s’en servent régulièrement. C’est notamment vrai pour les 18-25 ans : 67% sont dans ce cas contre 14 % chez les plus de 65 ans ;

46 % des utilisateurs voient dans l’IA un simple outil pratique et 31 % la considèrent comme un véritable assistant personnel ;
Seuls 3 % y voient une perte de temps ;
92 % des utilisateurs pensent qu’ils pourraient aujourd’hui s’en passer, mais 32 % estiment que cela leur serait difficile. Un chiffre qui monte à 46 % chez les 18-24 ans.
Politesse et farniente
Qu’ils y fassent appel pour préparer leurs vacances, créer des images ou rédiger une lettre de motivation, les Français font généralement preuve d’amabilité quand ils s’adressent à l’intelligence artificielle.

Être poli avec l’IA est une pratique largement partagée : il arrive à 83 % des utilisateurs (et 94 % des 18-24 ans) de dire « merci » ou d’être aimables dans leurs requêtes. 28 % affirment faire systématiquement preuve de courtoisie lorsqu’ils s’adressent à l’intelligence artificielle ;

Les trois quarts (76 %) des utilisateurs de l’IA y auront recours pour préparer leurs vacances d’été ;
Ce sera notamment le cas pour organiser un itinéraire (57 %), comparer les tarifs (54 %) ou encore trouver des destinations adaptées (45 %) ;
Plus largement, les Français ont recours à l’IA pour créer des images (52 %), rédiger du texte (48 %) ou concevoir CV et lettres de candidatures (38 %).
Trop grande confiance ?
Peu d’utilisateurs vérifient systématiquement les données fournies par l’IA et une part importante s’en sert sans trop penser aux informations partagées.

Seuls 14 % des utilisateurs s’assurent de la pertinence des réponses apportées par l’IA ;
Si 37 % le font souvent, 34 % ne les vérifient que rarement et 15 % jamais ;
Plus de la moitié (56 %) indiquent se soucier des informations qu’ils partagent, mais 31% n’y prêtent pas vraiment attention.
Quand l’IA devient intime
Pour de nombreux Français, l’intelligence artificielle fait désormais fonction de confidente pour aborder des sujets très personnels.

47 % des utilisateurs (et 55 % des 18-24 ans) se sentent à l’aise pour partager des sentiments comme la tristesse, la solitude ou le stress avec l’intelligence artificielle ;
Un sur cinq (20 %) se confie sans réserve ;
Un quart des utilisateurs de l’IA (26 %) y ont fait appel dans le cadre de leur vie sentimentale ;
19 % ont ainsi sollicité des conseils pour dénouer une situation conflictuelle, 13 % pour écrire un message de rupture, 12 % pour obtenir des conseils de séduction et 11 % pour déclarer leur flamme ;

26 % des personnes se servant de l’IA ont déjà abordé des sujets qu’ils n’osent pas évoquer avec un humain. C’est plus vrai pour les hommes (30 %) que pour les femmes (23 %) ;
Parmi les motifs qui les ont poussés à se confier à l’intelligence artificielle, 33 % mettent en avant des raisons de confidentialité, 28 % indiquent qu’ils n'avaient personne avec qui en parler et 27 % ne voulaient pas être jugés.
Le point de vue de Léa Paolacci, chargée d'études Flashs
“En trois ans à peine, l’intelligence artificielle générative s’est glissée dans l’intime. Ce que les Français disent pouvoir maîtriser, ils l’intègrent pourtant dans leurs routines, leurs émotions, voire leurs décisions personnelles.
Cette ambivalence — entre détachement revendiqué et usage fréquent — laisse entrevoir non pas une dépendance, mais peut-être une réponse à certains manques : l’IA, perçue comme neutre et sans jugement, intervient là où l’échange humain semble parfois difficile.
Dire “merci” à une machine ou lui confier ce qu’on n’ose pas dire à un proche est révélateur. Cela interroge forcément sur la prise en charge de la santé mentale : si l’IA peut offrir un soutien ponctuel, elle reste limitée à ce qui lui est exprimé, sans capacité à détecter des signaux faibles ou des troubles profonds.
Dans des moments de vulnérabilité, le risque est de prendre pour argent comptant des suggestions générées sans discernement. L’esprit critique reste essentiel — surtout quand le discours de l’IA paraît cohérent.”