12/2/2023
 DANS 
SOCIÉTÉ

Les Américains et les Français à l'heure d'Emily in Paris

Étude diffusée en février 2023

Depuis sa première diffusion en 2020, la série Emily in Paris séduit autant qu’elle agace. En France, elle est particulièrement moquée, y compris par nombre d’expatriés américains, pour l’image décalée qu’elle offre des aventures de la jeune Emily Cooper dans un Paris de carte postale, très éloigné du quotidien de ses habitants. Alors que la troisième saison bat son plein, le site de voyages Bonjour New York a demandé à l’Ifop d’interroger plus de 1 100 Américains sur leur vision de la France et des Français, en prenant soin de distinguer les fans de la série pour vérifier son impact dans la perception qu’ils ont de notre pays et de sa capitale.

Paris fantasmé : les Américains adhèrent

Les principaux résultats de cette enquête montrent que la cote de popularité des Français et l’attractivité de notre pays sont au plus haut depuis 20 ans outre-Atlantique, notamment auprès des aficionados d’Emily in Paris. S’ils nous voient moins râleurs et grévistes qu’on aurait pu le penser, les Américains adhèrent à l’image fantasmée de la Ville Lumière qu’ils considèrent très majoritairement comme le reflet de la réalité.

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualités de l'Ifop

"À l’heure où les films et les séries sont devenus de véritables outils de promotion pour les destinations touristiques, la question du rapport à la réalité de ces productions culturelles nous paraît constituer un nouvel élément de débat si on se rappelle que dans le passé, les productions hollywoodiennes (ex : Un Américain à Paris, Irma la douce, Charade…) ne prétendaient pas non plus représenter Paris « telle qu’elle est ». Mais dans les polémiques récurrentes qui surgissent à chaque nouvelle saison d’Emily in Paris, il n’échappera à l’œil du politique le paradoxe existant autour du Paris d’Emily : cette série n’ayant pas le même attrait chez les progressistes de part et d’autre de l’Atlantique. Car aux États-Unis, c’est dans les noyaux électoraux de la gauche démocrate (ex : jeunes, femmes, diplômés, CSP+, citadins, noirs, progressistes, écologistes, féministes) que l’on trouve le plus de fans de la série et de personnes souhaitant vivre à Paris. Pour toute une partie de la gauche américaine, la France, ses mœurs et son modèle social – symbolisé par la phrase « Vous vivez pour travailler. Nous travaillons pour vivre » (saison 1) – apparaissent sans doute comme un « paradis progressiste » un peu comme ce que Cuba fut un temps pour une certaine gauche soixante-huitarde ou Moscou pour la gauche communiste. À l’inverse, à Paris, la gauche municipale ne cache pas son aversion envers une série qu’elle présente comme un outil de « propagande conservatrice » qui met en exergue les beaux quartiers parisiens et les appartements haussmanniens. Alors, le Paris d’Emily, paradis progressiste pour la gauche américaine et conservateur pour la gauche française ? Dans tous les cas, on voit bien que le « choc des cultures » sur lequel joue cette série n’est pas qu’un artifice de scénario : il met bien en exergue le fossé culturel existant entre les deux sociétés, y compris entre ceux qui partagent une sensibilité progressiste…"

Les chiffres clés de l'enquête

Pour 83% des Américains, la série Emily in Paris renvoie de la capitale une image proche de la réalité.

73% des Américains ont une bonne image des Français. Ils n’étaient que 39% il y a 15 ans.

C’est le cas de 86% des Américains ayant visionné la série Emily in Paris.

36% des Américains aimeraient s’ils le pouvaient vivre en France, chiffre là aussi en nette progression (21% en 2005).

Plus de la moitié nous considèrent romantiques (71%), raffinés (57%), cultivés (54%) tandis qu’une minorité nous perçoit paresseux (13%), indisciplinés (17%) ou râleurs (25%).

66% des fans d’Emily in Paris pensent qu’il est courant pour les Français.e.s de coucher dès le premier soir.

L'analyse complète de cette étude est disponible sur le site Bonjour New York.

Cette campagne a fait l'objet de 72 citations dans les médias. Parmi ceux-ci :

Paris Match

Télé 7 Jours

Marie-Claire

Le Parisien

Le Progrès

Photo : David Henry