14/3/2024
 DANS 
TECH

Les entreprises et le no code

Étude diffusée en mars 2024

Entreprises : le no code fait son chemin

En France, comme dans de nombreux autres pays, l'essor des outils no-code suscite un intérêt croissant de la part des entreprises et des entrepreneurs. Ces outils promettent en effet de démocratiser le développement d'applications en rendant cette capacité accessible à ceux qui n'ont pas de compétences en programmation traditionnelle.

Ils suscitent également des doutes et des craintes, notamment en termes de personnalisation, de maintenance ou encore de répercussions sur l’emploi des développeurs traditionnels.

Quelles connaissances les entreprises françaises ont-elles de ces outils ? Les utilisent-elles et, si oui, ont-elles déjà remplacé le travail de développeurs traditionnels par le recours au no-code ? Quels avantages et inconvénients identifient-elles à son usage ?

Afin de répondre à ces questions, l’agence spécialisée en data FLASHS et l’hébergeur web Hostinger.fr ont demandé à l’institut Selvitys d’interroger plus de 1 000 dirigeants et managers d’entreprises de toutes tailles.

7 dirigeants sur 10 ont déjà utilisé le no-code

Si un quart (24%) des dirigeants et managers disent n’avoir aucune connaissance en no-code, un autre quart (26%) estime disposer d’un niveau avancé ou expert. C’est le cas d’un tiers (33%) des hommes et de 17% des femmes interrogés. L’utilisation d’outils no-code dans le cadre professionnel concerne 7 répondants sur 10 (71%), les jeunes tout particulièrement (90%) et celles et ceux travaillant dans les petites et moyennes entreprises et les entreprises intermédiaires (90% également). En revanche, moins de la moitié (47%) des dirigeants et managers de très petites entreprises en ont déjà eu l’usage. Parmi les personnes ayant une connaissance des outils no-code, 42% indiquent s’y être formés. Les deux tiers (66%) d’entre elles ont eu recours à une formation certifiée et les trois quarts (73%) se sont autoformées en ligne via des blogs ou des tutoriels.

Des outils et des plateformes bien identifiés

Les dirigeants et managers interrogés dans cette étude font montre d’une bonne connaissance des différents types d’outils et de plateformes dédiés au no-code, quand bien même ils ne les utilisent pas obligatoirement. Ils sont ainsi 81% à connaitre et 51% à utiliser les feuilles de calcul et super-docs tels que Notion, Airtable ou Google Sheets, 78% (pour 38% d’utilisateurs) les constructeurs de sites et commerce électronique (Wix, Hostinger, Wordpress…) ou encore 59% (et 23% d’utilisateurs) les constructeurs d’applications outils comme Bubble, Appery ou Adalo.

Le no-code fait son chemin…

Un nombre non négligeable de décideurs ont déjà remplacé des tâches ou projets confiés à des développeurs par des solutions no-code, tandis que d’autres y songent dans l’avenir. Ils sont en effet 43% à dire qu’ils l’ont fait (dont 11% dans de nombreux cas) et 28% à l’envisager. Seuls 22% disent qu’ils ne sont pas dans cette perspective. C’est dans les entreprises intermédiaires (57%) et les petites et moyennes entreprises (47%) que l’on a le plus basculé de l’emploi de développeurs traditionnels vers le no-code.

… mais le recours aux développeurs reste privilégié

Toutefois, lorsqu’on leur soumet différents types de projets, le recours aux développeurs traditionnels reste la solution la plus prisée, suivie par un mix développeurs/no-code. Ainsi, pour l’élaboration de workflows automatisés, la moitié (50%) privilégie l’appel à un développeur, 30% optent pour un combiné code/no-code et 21% penchent vers le no-code uniquement. Ces proportions se retrouvent de manière assez similaire, qu’il s’agisse de créer des applications internes aux entreprises (respectivement 48%, 32% et 19%), des sites web et portails (44%, 35% et 21%) ou de prendre en charge les applications de gestion de la relation client (45%, 37% et 18%).

Du pour et du contre

Parmi les avantages à l’utilisation des outils no-code, dirigeants et managers mettent en avant les coûts réduits (58%), puis la rapidité de la mise en œuvre (55%), la flexibilité et la personnalisation (47%) et enfin la facilité d’utilisation (42%).

Au premier rang des inconvénients identifiés, la sécurité des données préoccupe 47% des répondants. Ils sont ensuite 39% à pointer les difficultés éventuelles d’intégration à d’autres systèmes et un tiers (32%) à craindre la dépendance à des fournisseurs tiers. Un sur cinq (21%) constate par ailleurs la difficulté à trouver des compétences dans ce domaine.

L’avis de Pierre Ammeloot, cofondateur du Cercle Tech

Le no-code signe-t-il la mort des développeurs traditionnels ?

« À cette question, je réponds clairement non. Je rencontre des développeurs qui ont cette crainte, mais ils sont très peu nombreux et appartiennent à la catégorie des gens qui ne veulent pas que les choses bougent, qui estiment qu’ils ont une chasse gardée et qui ne veulent pas qu’on leur prenne.

Aujourd’hui, en France comme en Europe, on considère qu’il faudrait deux fois plus de développeurs pour répondre à la demande. Qui dispose aujourd’hui des compétences ? Les free-lance et les grosses entreprises. En revanche, beaucoup de PME travaillent encore avec des outils qui datent des années 80. Dans un monde qui évolue très rapidement et se complexifie, elles ont besoin du savoir-faire des développeurs traditionnels.

Le débat autour du no-code et des développeurs me fait penser à l’arrivée des multi cuiseurs de type Thermomix. Quand certains chefs cuisiniers ont dit « c’est la mort de notre métier », d’autres en ont acheté 20 car ils ont compris les gains de productivité qu’ils pouvaient en tirer tout en continuant à faire leur cuisine. Non seulement on aura toujours besoin de développeurs, mais les développeurs qui se sont mis au no-code sont les meilleurs no codeurs du marché.

C’est d’autant plus vrai que les outils no-code ont leurs limites. Le code aussi, mais elles sont plus larges. Il s’agit donc selon moi de prendre le meilleur des mondes et d’utiliser de manière intelligente et pragmatique la somme d’opportunités offertes par le no-code. »