7/4/2022
 DANS 
SOCIÉTÉ

Pour ou contre le délit de non-partage des tâches ménagères ?

Étude diffusée en avril 2022

Au cœur de la campagne présidentielle, la candidate malheureuse à la primaire d’Europe Écologie les Verts Sandrine Rousseau a suscité maintes réactions après avoir envisagé la création d’un délit de non-partage des tâches ménagères au sein des couples. Au-delà des doutes émis par de nombreux juristes sur la faisabilité d’une telle mesure, que pensent les Français d’une telle proposition ?

Une idée pas si farfelue pour les Français

C’est l’une des questions que leur a posées l’Ifop à la demande de Flashs et de Consolab dans le cadre de leur Observatoire de la répartition des tâches ménagères. Et il s’avère que loin d’être considérée comme farfelue, l’idée séduit une Française sur deux. Car même si, comme le souligne cette étude, les hommes s’impliquent de plus en plus dans l’accomplissement des “corvées” domestiques, l’égalité en la matière est encore loin d’être acquise.

Les chiffres clés

  • 50% des femmes, mais aussi 44% des hommes adhèrent à l’instauration d’un délit de non-partage des tâches ménagères.
  • 15% des femmes et 13% des hommes seraient prêts à aller jusqu’à déposer plainte.
  • 57% des Françaises interrogées considèrent en faire “plus” que leurs conjoints à la maison.
  • 22% des femmes ont déjà envisagé une “grève du sexe” parce que leur conjoint n’était pas assez impliqué dans les tâches domestiques.
  • 16% des femmes ont déjà mis fin à une relation avec quelqu’un parce qu’il ne prenait pas assez part à leur accomplissement. 
  • Le repassage est la tâche que les hommes évitent le plus : ils ne sont que 31% à l’effectuer régulièrement ou de temps en temps. 

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop

"Symptomatique de la persistance d’un « privilège de genre » de moins en moins accepté à l’ère « post-#MeToo », l’absence d’équité dans la division sexuelle du travail domestique suscite aujourd'hui un niveau d’opprobre social tel que le principe même que la justice puisse s’immiscer dans la sphère privée des Français(es) fait son chemin dans l’opinion. Certes, l’avis des Français sur le sujet reste partagé, mais l’idée de l’ex-candidate à la primaire écologiste est loin de susciter une levée de boucliers ou d’apparaître comme l’expression « d’un principe d’un régime totalitaire » (Pascal Praud, CNews). En attendant que la prochaine étude « Emploi du temps » de l’INSEE (prévue pour 2023-2024) mesure l’impact que la révolution culturelle actuelle a dans un domaine - le travail domestique - où les inégalités de genre ont longtemps peu évolué, cette enquête a le mérite de montrer que la société est prête à changer à l’égard d’un problème du quotidien qui peut affecter lourdement la vie intime des Français.  En cela, en mettant exergue une inégalité de genre qui est le produit historique d'une domination masculine ayant toujours assigné les femmes à la sphère du foyer, le déséquilibre des tâches et des rôles dans la division du travail domestique semble, dans le contexte électoral actuel, loin d’être un sujet à prendre à la légère."

Cette campagne a fait l’objet de 40 reprises dans les médias. Parmi ceux-ci :

Madmoizelle

Challenges

Elle

Les Éclaireuses 

Paris Normandie

Le rapport complet de cette étude est disponible sur le site de l’Ifop.

Photo : Rodnae Productions